Jacques (place Général)



        Dans le tracé géométrique qui caractérise les rues ouvertes au siècle dernier, dans l’extension de la Cité, la rue des Minières (tout comme la rue de Bruxelles, avec la place de l’Yser) est sectionnée par une place ovale qui, récemment encore, était ornée de grands arbres ombragés. 

       Aujourd’hui, on y voit un étrange labyrinthe d’arbustes. Dès l’aménagement du quartier des Boulevards, les habitants sollicitèrent l’érection d’une église paroissiale; le premier projet "insistait à bâtir ce nouveau temple sur le sablon de la place; il lut toutefois abandonné pour des raisons valables, au profit de l’emplacement retenu par la suite pour l’édification (1900) de l’actuelle église Ste Julienne.

     Dans le cadre de la commémoration des événements de la guerre 1914-18 , cette place reçut, par décision du Conseil communal du 31 mai 1920, la dénomination nouvelle « Place Général Jacques ». 

 
       II s’agit de l’héroïque défenseur de Dixmude (né à Stavelot, le 24 février 1858 et décédé à Ixelles, le 24 novembre 1928) et devenu, de ce fait, « baron de Dixmude ».
       La carrière de ce militaire d’élite couvre deux périodes distinctes : l’épopée coloniale et la guerre 1914-18. Devenu breveté d’état-major (BEM), en 1886, il s’embarque l’année suivante pour le Congo, à l’âge de vingt-neuf ans ; Bomaet les Stanley-falls constituent une phase militaire et de travaux publics, et il participe à la croisade contre la traite des noires, que le Pape Léon XIII suscite en 1888 .
       Après un bref retour en Belgique(1890), il retourne en Afrique pour commander l’expédition organisée par la Société antiesclavagiste de Belgique ; en 1892, il est à Zanzibar, puis à Tabora, et après dix mois de lutte, il rentre en Belgique pour en repartir en 1895 au Lac Léopold II en 1902, c’est le Katanga, Lusumba, Sankuru, etc., jusqu’au 7 avril 1905 qui consacre son retour définitif au pays, après dix-huit ans de carrière militaire, dont douze en Afrique. 

    II est commandant en second de l’Ecole Militaire 1913 : à la veille de la guerre, Jacques l’Africain commande le 12e de Ligne, à Liège. C’est l’invasion : les 5 et 6 août 1914, entre le fort de Boncelles et l’Ourthe, la situation est critique ; le Colonel Jacques apparaît (12e de Ligne) et consolide la situation ; la 43e brigade impériale recule.

   
Mais, c’est à l’Yser, qu’il incarne la résistance de Dixmude ; malgré deux blessures, le sourire aux lèvres, il donne l’exemple ; général-major en 1915 et lieutenant-général en 1916, il commande la 3e Division d’Armée ( 3 D.A.). 

Il épargne la vie de ses hommes, vit très près d’eux et jouit d’une grande popularité de leur part ; ne l’appellent-ils pas, avec familiarité et respect : noss Djâcques. 

      Le 17 avril 1918, la 3e Division subit une forte attaque de six régiments allemands ; elle contre-attaque et fait sept cent onze prisonniers. Enfin, septembre 1918 : c’est l’assaut final à la crête des Flandres qui devait aboutir à la capitulation allemande du 11 novembre 1918 ; c’est la poursuite victorieuse et l’occupation de la Rhénanie avec nos Alliés.

     Notre héros aura ainsi vécu deux épopées et largement mérité la reconnaissance de la Patrie. C’est pourquoi, le 15 novembre 1919, le lieutenant-génénal Jules-Marie-Alphonse Jacques reçoit concession de noblesse en titre de baron. Le 27 octobre 1924, il lui sera concédé l’autorisation de faire suivre son patronyme des mots « de Dixmude », Il avait épousé à Liège, le 8 juin 1899, Pauline Beaupain, née à Vielsalm en 1876.

    Il survécut dix ans après la tourmente, consacrant ses loisirs à des œuvres nationales. Il mourut à Ixelles, le 24 novembre 1928. 















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