Malempré (rue Jean)





       Cette, relative, nouvelle artère cerne sur trois côtés une cité adossée à la rue de la Montagne,2* peu avant d’arriver au carrefour où cette dernière rue coupe la rue Broucsou.

        Elle reçut son appellation en souvenir d’un Ensivalois qui joua un rôle particulièrement important dans l’histoire du parti socialiste de notre région.

        Jean Malempré est né à Ensival le 25 septembre 1859 et y est décédé le 9 février 1909. Fils d’ouvrier, il est embauché à l’âge de 9 ans dans un tissage local, afin de subvenir aux besoins de sa famille, son père étant impotent. 

       Autodidacte, il acquiert une formation que pourraient lui envier maints étudiants de nos écoles : toute sa vie, il se constituera une bibliothèque bien fournie. Orphelin de père, encore jeune, il sera un fils modèle pour sa vieille mère qui lui survivra dans ce modeste appartement de la rue Dupont où ils résidaient ; une dure épreuve avait frappé cette mère qui, à force de privations, avait fait de sa fille Marie une institutrice trop tôt enlevée à l’affection d’un foyer uni. 

    Très rapidement, on le trouve correspondant Verviétois du journal « Le Peuple »1* et cofondateur (1879) du Syndicat des Tisserands ; exempté du service-militaire comme soutien de famille, il se consacre à son parti. De 1882 jusqu’à sa mort, il fera partie de la « Mutualité » d’Ensival et, lors de la fondation du parti socialiste, il devint secrétaire, jusqu’a sa mort, du « Cercle populaire ensivalois » (1886) et assuma de nombreuses années le secrétariat d’arrondissement de la Fédération.

     Les élections communales en font un conseiller communal dont le mandat sera renouvelé durant 22 ans, qu’il siège dans la majorité ou la minorité, au hasard des fluctuations politiques de la commune. Echevin de 1895 à 1907, il distribuait son allocation à des œuvres philanthropiques ensivaloises ; « que les temps sont changés » soupirerait Racine.

     Les annales communales ont encore le souvenir d’un incident particulièrement original : pour pouvoir valablement délibérer, le collège catholique de ce moment (28 février 1894) était tenu de convoquer trois fois le collège ; or à la 3ème convocation, Jean Malempré se trouvait seul avec le secrétaire communal ; il tint séance et délibéra sur tous les points de l’ordre du jour. 

     L’avènement d’une majorité démocratique, l’éleva au mayorat. Il siégea également au conseil provincial (1899) qu’il ne quitta que par suite de son mandat parlementaire. 1894 est une date dans l’histoire politique de 
Verviers : les élections du 14 octobre, les premières sous le régime censitaire, ne donnant aucune majorité absolue, le second tour de scrutin (21 octobre 1894) vit entrer à la Chambre des Représentants 4 catholiques et 4 socialistes, dont Jean Malempré. 

    Une coalition catholique-libérale, en 1898 fut un échec pour le parti socialiste, mais en 1900, Jean Malempré retrouve son siège parlementaire qu’il conservera jusqu’à sa mort (1909). 

    A l’actif de ses interventions, on note le projet de loi établissant le compteur automatique pour les métiers à tisser, et celui concernant les jeux de hasard. 

   
Cette activité ne l’empêcha pas de collaborer à maints journaux locaux, notamment au « Travail » ; on lui doit des efforts couronnés de succès, pour le rachat de la maison du Peuple Sa mort trop brusque émut la population et à la Chambre, le président catholique Helleputte évoqua la personnalité du défunt tout comme ses amis ou adversaires politiques, lors de ses funérailles. 



   Une biographie éditée par la Fédération socialiste de l’arrondissement de Verviers fut mise en vente (15 centimes) au profit du monument élevé au cimetière d’Ensival.

1Le Peuple était au départ un quotidien syndicaliste socialiste bruxellois. Son premier numéro fut publié le 13 décembre 1885 et sa parution en tant que quotidien socialiste cessa définitivement en mars 1998
La marque fut reprise en octobre 2010 par Mischaël Modrikamen, président du Parti Populaire, afin d'en faire un quotidien digital, ainsi qu'un bimestriel imprimé, d'orientation libérale et conservatrice

2*Tronçon initial de l'ancien chemin de Theux, par Juslenville, elle commence à la rue de la Station et finit au hameau du Bois, en contour­nant, vers le Nord et l'Ouest, le lieu dit Coukmont. Elle conserve plu­sieurs beaux spécimens d’habitations de l'ancien régime et quelques-unes de style Empire, qui devraient être mieux mises en vedette et être signalées à tous les écoliers ensivalois.
















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