Marché (place du )



      Aujourd’hui, la place du Marché ceinture complètement L’hôtel de ville; elle est délimitée par la naissance des rues de heusy, Crapaurue, Mont-du-Moulin et Thier-Mère-Dieu. 

      Pendant longtemps, cette dénomination différait : seule se nommait « place du Marché », la partie Ouest, tandis que la partie voisine du Thier-Mère-Dieu, s’appelait « place de l’Hôtel de Ville ». 

    Cette subdivision est encore contenue dans l’intéressant Guide de Verviers, d’Ernest Gilon (1874) et le plan de Charles Müllendorff. Cet endroit est le cœur de notre cité et fut son berceau,

     A une époque lointaine ; c’est de ce monticule que s’agrandira la bourgade primitive, au cours des siècles, vers les quatre points cardinaux : par le Mont-du-Moulin (1)vers l’industrie naissante de la laine, le long de la Vesdre et du canal des Usines ; (2) par Sommeleville, vers la porte de Limbourg ; (3) par Crapaurue, place du Martyr et le pont des Récollets (le seul pendant longtemps) vers la porte De hodimont, et, enfin, (4)vers le Sud, par les rue et chaussée de Heusy, vers ce village, Theux, etc.

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    C’est pourquoi, si nous n’avions pas adopté l’ordre alphabétique, place du Marché eût figuré en tout premier lieu de ce site.

      Aujourd’hui, le passant admire encore le prestigieux Hôtel de Ville( 1775) et le perron (1732) symbole de nos libertés ; la pittoresque impasse Gouvy (du nom d’un gardien de la prison qui s’y trouvait jadis et fut désaffectée en 1736) plus connue sous le nom wallon de « trô Gouvy », a fait place à la moderne Maison de la Culture et à la bibliothèque centrale, dont le style ne cadre guère avec la pureté de ligne de l’Hôtel de Ville.

 
bâtiment


perron

impasse Gouvy



    Mais, un monument, au passé historique, a disparu (1882) : l’église St Remacle qui, avec la halle, les hôtels de ville successifs et le .cimetière voisin, couronnaient « Summavilla », l’ancêtre de Verviers, unissant le culte, la vie publique et le commerce. 


église St Remacle

Chacun de ces précieux monuments mérite quelques explications. Tout d’abord, qu’entend-on par « perron » ? Une littérature, assez diverse, nous parle de pierre druidique, de monument éburon, de poteau de justice germanique, de croix, de colonne honorifique, de croix de juridiction, etc.; la croix étant devenue une simple colonne.


    A l’origine, le perron est un banc de pierre (petra), et ensuite un pilier de justice, le pilori. Il s’orthographie indistinctement : peron, perron, pairon, d’où proviennent des noms de famille.

    Au Moyen-âge, il est un signe de puissance de la juridiction et le suzerain y reçoit son vassal ; les Hôtels de Ville disposent d’un perron où les prévôts rendent la justice ; les perrons sont munis de « montoir ». On donne à ce terme, cette étymologie : du provençal, peiro perro, peiron, et du bas latin, petronus, de petra, pierre. 


    Au fil des temps, le perron est un signe des libertés communales; c’est le symbole des franchises ; Charles-le-Téméraire enlèvera le perron liégeois (1468) pour démontrer que Liège avait perdu ses libertés.

   







      Le 15e siècle est l’ère des perrons : Sart (1457), Theux Franchimont (1456), Herve (1407), etc. Bien que ses origines en soient assez obscures, notre premier perron semble dater de 1458 ; il fut aussi démoli par les troupes de Charles-le-Téméraire (1468) et réédifié (1470).


 Plus certain est l’octroi, en 1534, par le prince-évêque Erard de la Marck, d’un perron à Verviers et à Sart ; en 1567, il fut restauré : quatre lions issus du socle, soutenaient la colonne 1655 marque une nouvelle restauration. Ceci est l’ancien perron ; le nouveau (donc, l’actuel) date de 1732 ; il se double d’une fontaine, ce qui nécessite quelques mots ni l’adduction de l’eau à la place du Marché.









    Au 16e siècle, alors que le ruisseau de Mangombroux avait un tracé normal par la rue du Pont, une partie de son eau était détournée (1599-1761) par la rue de Heusy, coulant dans une rigole, au milieu de la rue, puis de Crapaurue, pour rejoindre le canal des Usines, au pont aux Lions. 



 En 1688, une tuyauterie en plomb remplace la rigole jusqu’à la place du Marché et un projet de fontaine voit le jour; il ne sera réalisé qu’en 1732 : c’est notre perron actuel, surmontant la fontaine monumentale avec ses quatre vasques. On regrettera que cet ancien monument de notre cité n’ait plus trace de la porte de bronze armoriée, ni de la traditionnelle croix sur la pomme de pin, qui le décoraient jadis. 





    Le prestigieux Hôtel de Ville (1775) de Verviers figure parmi les beaux bâtiments municipaux du pays, et embellit singulièrement notre Cité. Au cours des siècles, la place subit bien des modifications, en relation avec l’importance croissante de la cité, passant progressivement de la modeste bourgade à la ville (1651) en constante expansion.

    Si, à strictement parlé, les mots « halle », « maison de ville » et « hôtel de ville » et ne sont pas synonymes, ils sont néanmoins apparentés : suivant l’époque envisagée, ils désignent un bâtiment communal abritant une halle (achat et vente, marché) et une Cour de justice, et le siège de l’administration communale qui ira en se développant, surtout à la création des fonctions de bourgmestre.  (16e siècle). 

   On dispose de peu de précisions sur les Halles primitives Que l’on fait remonter au 14e siècle. Toute autre est l’histoire de la construction de 1527, qui, pendant deux cent cinquante ans, orna la place du Marché. 

A)  L’ANCIEN HOTEL DE VILLE (1527-1775). 

   Les monuments d’une ville sont conditionnés par sa prospérité, C’est le cas de Verviers au 16e siècle : implantée depuis cent ans, l’industrie drapière est en pleine extension, encouragée financièrement par le prince-évêque Erard de la Marck. Le greffier de la Cour de Justice, Guillaume Stassart, obtint du prince-évêque, l’autorisation de construire, mais il se heurta à des oppositions dont il triompha ; après trois ans, l’édifice était utilisable (1527-1530).

  Il se présentait sous la forme d’une construction gothique, carrée (vingt mètres de côté), dont des piliers soutenaient l’unique étage, le rez-de-chaussée étant affecté au marché couvert.

     C’était une Halle-Cour de Justice. Le bâtiment primitif fut l’objet de modifications durant deux cent cinquante ans d’existence. En 1567, le rez-de-chaussée fut pourvu d’une annexe, côté Mont-du-Moulin, à l’usage de halle aux viandes. 

   En 1655, le marché couvert fut supprimé et des salles furent édifiées par la construction de murs entre les piliers. En cette année, le prince-évêque enjoignit d’établir une halle aux draps à l’Hôtel de Ville ; la susdite modification permit donc de disposer de deux salles : l’une pour la dite halle et l’autre comme corps de garde. 

   En 1714, un perron de huit marches, orné d’une porte artistique, fut élevé vers l’Est. Pratiquement, rien n’est resté de cet ancien édifice démoli en 1775.

   D’aucuns pensent que la longue table ornant aujourd’hui, la salle du Collège (18e siècle), est un vestige du vieux monument, Le Musée communal conserve quatre toiles en provenance du vieil Hôtel de Ville ; trois sont dues au pinceau de la dynastie verviétoise des Follet : Hubert Daniel (dit Follet), né en 1652, son fils, Pierre-Joseph (1696) et Laurent-Joseph, son petit-fils (1738 1788). 

    Si leur talent n’est pas celui de Rubens, ils furent les peintres de notre ville, à la satisfaction de tous ; ces artistes cumulèrent les fonctions de peintres de tableaux, portraitistes, décorateurs, enlumineurs, etc. La cheminée de la salle du Conseil était ornée d’une peinture représentant la Justice, la Prudence et la Ville de Verviers (Follet) ; il n’en reste pas trace. 

   La salle du Conseil était aussi ornée de l’« Allégorie de la Ville de Verviers ». A la Cour de Justice, se trouvaient : La Justice impassible, le jugement de Salomon et Esther devant Assuèrus, datés respectivement de 1692, 1691 et 1698, ce dernier, peint par Lambert Blendeff(décédé en 1721).




  C’est à titre rétrospectif, pour le lecteur, amateur de vieux ; souvenirs, que nous nous sommes tournés vers le vieil Hôtel de Ville (1527-1775) ; déjà, le nouveau (1775), celui que nous admirons chaque jour, attend notre description.






  B LE NOUVEL HOTEL DE VILLE (1775) 

 Les monuments sont le reflet de leur époque ; ils sont conditionnés par les idées en vogue et les possibilités économiques du moment.

   La fin du 18e siècle marque pour Verviers une ère de prospérité; sa population atteint quinze mille habitants; la cité est devenue ville (1651); ses mayeurs, échevins et bourgmestres ne sont plus des terriens, mais des industriels; après deux cent cinquante ans, l’ancienne halle est démodée ; on veut autre chose que du gothique, plus spacieux, plus spectaculaire, etc.

    A cette époque, on construit beaucoup d’hôtels de ville dans le pays de Liège, et dans tout le pays d’ailleurs, on ressent le goût de l’architecture (Charles de Lorraine à Bruxelles) : Liège (1714), Theux (1770), etc. 

  Dès 1773, la décision est prise : on démolira l’ancien bâtiment et sur le terrain, agrandi de sept immeubles expropriés, on construira du neuf; après des difficultés, on obtient l’autorisation du prince-Evêque (19 juillet 1775), qui approuve les plans de l’architecte Renoz, que les Verviétois avaient déjà consulté dans leur hâte. 
Jacques-Barthélemy Renoz




     Qui est Renoz ? Jacques-Barthélémy Renoz naquit à Liège en 1729 et y mourut en 1786. Après un séjour d’études à Paris, il rentre à Liège et dirige l’Académie des Beaux-arts que le prince-évêque Velbrück venait de créer ; il ne quittera plus sa ville natale. 

    Comme lien avec Verviers, il avait un beau-frère, J. de Damseaux-Renoz, fabricant à Nasproué, où il fit édifier une résidence classique, aujourd’hui démolie. 

   Notre édilité eut le choix heureux en recourant à cet artiste dont l’œuvre est marquante au pays liégeois : - on lui doit ces églises à Liège : St Jean, reconstruite en 1754-57 ; les Dominicains (Bourse), place du Marché ; les Augustin»! (aujourd’hui Dames du St Sacrement) ; la porte de St Barthélémy) - sur le plan civil, il construit à Liège, les immeubles de la Société du Cabinet Littéraire (incendié en 1858) et de l’Emulation (1779)) brûlée en 1914, par les troupes allemandes. 

   Il est aussi l’auteur de plusieurs châteaux dans la périphérie Plus près de nous - à Spa - il construit le Wauxhall (1774) devenu Orphelinat, et alors, salle de jeux, qui devait concurrencer la célèbre « Redoute » (due à Digneffe, autre excellent architecte liégeois de l’époque, auteur du Musée d’Armes, à Liège), démolie à la fin du 19e siècle. 

    La première pierre est posée le 13 septembre 1775, et après, un certain retard, l’inauguration eut lieu le 18 mai 1780, en présence « du bourgmestre Zinck », qui avait été réélu pour pouvoir procéder à cette inauguration qui lui tenait à cœur. 

   L’édifice constitue un remarquable exemplaire de style Louis XVI, dans notre région, tant par son architecture que par sa décoration. Sur ce plan, Renoz fit appel à un sculpteur de talent, Antoine Pierre Franck (Liège : 1723-1796), et recourut pour la peinture à Henri Deprez, peintre liégeois (1720-1797) ; tous les deux l’avait assisté pour le Wauxhall de Spa, comme ils le firent à notre Hôtel de Ville. 

   
Charles de Velbrück 
   La description de ces chefs-d’œuvre dépasserait le cadre de ce site. Quelques notes à propos du fronton : A.P. Franck l’avait décoré des armoiries de Charles de Velbrück ; elles furent martelées à la révolution ; les mots « Maison Commune » y furent inscrits en 1828, ce furent les armoiries des Pays-Bas, effacées en 1830, et remplacées par l’inscription qui nous est familière 


« Publicité, sauvegarde du Peuple »;



   elle est due au Bourgmestre Pierre David, qui visa ainsi la récente instauration du libre accès aux séances du Conseil. 

   Un carillon (1797-1811) eut une histoire complexe. 

   Dans le vestibule, on peut admirer, sur une table Louis XVI, un registre enluminé par le calligraphe Iwan Florence, où chaque page est est consacrée à un de nos soldats tués en 1914-18. 

   Enfin, notre monument a été classé le 31 mai 1911 par la Commission royale des Monuments. Le Mont de Piété y fut installé en 1839. Dés 1853, le dégagement de la place derrière l’Hôtel de Ville fut décidé. Comme celui-ci devenait trop exigu, compte tenu de l’accroissement des services communaux, on construisit au côté Nord, une annexe (1878) qui ne dépare pas l’ensemble ; le bâtiment est couvert d’une abondante vigne vierge et d’aucuns partageront le sentiment de Maurice Pirenne, qui regrettait qu’il n’eût pas été peint en blanc, comme les édifices de l’époque. 

   
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La balustrade en fer qui séparait la place du Thier-Mère-Dieu date de 1861.











    Enfin, rappelons que l’église St Remacle disparut en 1882. Il y eut une école allemande, en 1886, qui se trouvait à l’Est du nouveau bâtiment-annexe ; elle fut supprimée au lendemain de la première guerre mondiale (1918), et devint l’économat de la ville. 


    EGLISE SAINT REMACLE (1447-1882) 




Par delà les controverses relatives à ses origines, faute d’archives antérieures au 15e siècle, on s’accorde à situer le premier oratoire au 9e siècle, en tant que fondation de l’Abbaye de Stavelot. Succédant à la villa gallo-romaine, une chapelle en bois, au centre du village, est remplacée, au milieu du 11e siècle, par une église romane, derrière l’Hôtel de Ville ; vers 1447, on construit une nouvelle église qui semble n’avoir été achevée que cinquante ans après (± 1506 ?).

   Elle est de style gothique, à trois nefs, avec un portique tertiaire ; son haut clocher effilé domine la butte ; des cloches y sont placées au cours des temps, et notamment une horloge.

    A l’intérieur, une fresque des saints martyrs Come et Damien orne l’édifice. Une statue en bois, de Saint Laurent, de style mosan, conserver au Musée communal, fit l’objet d’admiration, à plusieurs expositions d’art. 

   En 1594, l’église fut dotée d’une nouvelle cuve baptismale qui, transférée à l’église des Carmes, se trouvait  encore, , en l’église St Joseph, a ce jour démolie . 

  Son premier pasteur résident fut le curé Jean-Conrad Delbrouck, qui, en vertu du Concile de Trente, succéda aux cures en titre (1566). Au cours des temps, l’édifice fut agrandi, modernisé et embelli. Il avait trois chapelles : des Ponts, Notre-Dame de Pitié, Saint Jean-Baptiste. 

   En 1703, on y plaça une statue de Saint Sévère, évêque de Ravenne, et patron de la draperie ; il est fêté le 1er février.

    En 1682, une messe et un sermon aux Récollets sont célébrés en son honneur, tout comme en 1703, sa statue est exposée à l’église paroissiale. Elle est l’œuvre du sculpteur Robert Verburg (décédé à Liège en 1720). 

   Enfin, dans ce complexe, on notait le premier presbytère, construit en 1576, côté rue du Pont et des Tuileries, et abandonné lors de la construction de la nouvelle église (1832). A cette époque, entre l’Hôtel de Ville et Thier-Mère-Dieu, s’élevait la « Maison des Vicaires », dite aussi l« Ecole », parce que le marguiller y enseignait.

   Cinquante ans après sa désaffection, ayant servi de magasin de laine à l’usine Grand’Ry, décapitée de son clocher, ce monument vénérable de notre cité, fut démoli (1882), suscitant encore aujourd’hui, d’âpres regrets des fervents de anciens, qui regrettent ce vandalisme. 

   Conjointement à l’église primitive, le cimetière accueillait les dépouilles de nos ancêtres. On le situe proche du côté Thier-Mère-Dieu. Sous le régime français, il fut enjoint aux municipalités, de transférer les cimetières en dehors des agglomérations (1795). 

   On lira sous le titre « chemin de Limbourg », les péripéties qui aboutirent à l’instauration du cimetière actuel, en 1831. Quant au vieux cimetière, quoique désaffecté dès 1817, on toléra d’y enterrer encore les membres de quelques vieilles familles, jusqu’en 1839. Entre cette date et 1882, il fut procédé au lugubre transfert vers la nouvelle nécropole. Des maisons furent alors construites sur ce terrain.



















Le roi Albert Ier à l'hôtel de Ville, le 29 juillet 1920


au cinéma Sélect était programme Douglas a le sourire

remarquer en arrière plan le Café du Perron

 le marchand de fruits
Toujours place du Marché, le marchand de fruits
fête de la bière
fanfare sur les marches










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