Neuray (rue Nicolas)



    Le Conseil communal de Stembert, en séance du 25 août 1910, donna à cette rue (qui part de l’intersection des rues du Tombeux et de l’Eglise vers la rue Grand Vinave) le nom de Nicolas Neuray qui fut curé de Stembert de 1742 à 1756. 

   C’était un passionné de géométrie et d’astronomie. En 1760, il publie chez Bassoinpierre, à Liège, une étude sur les longitudes en mer. 

    Mais c’est plutôt son étude sur la date de la fête de Pâques qui le rendit célèbre. En 1743, l’empereur Charles VI invite les Etats du Saint Empire romain de la nation germanique à lui adresser une note astronomique pour la Diète de Ratisbonne ; le prince-évêque Georges-Louis de Berg charge Nicolas Neuray de rédiger la réponse pour l’empereur ; c’est un document de huit pages contenant des réflexions sur les cycles et l’épacte et une table établie pour 1000 ans d’avance, qui fixe la fête de Pâques en 1744, au 5 avril, date retenue pour tout l’Empire.

    Ces préoccupations scientifiques isolaient quelque peu le curé de ses paroissiens qui ne l’aimaient guère ; aussi, démissionna-t-il en 1756 pour aller finir ses jours à Liège où il mourut le 23 août 1774.



























    Dans un intérieur sans luxe, un ecclésiastique est assis à sa table de travail. L'homme dans la soixantaine, a le visage ravagé, les cheveux clairsemés et sans soins. 

   Le regard méditatif et les lèvres désabusées laissent pressentir une profonde et difficile réflexion. 

   Les objets qui l'entourent précisent clairement ses préoccupations scientifiques et sont en rapport avec les mathématiques la mesure du temps et l'astronomie. Sur la table, des compas, une équerre, une latte, un rapporteur. 

   Dans le fond, une horloge à gaine avec un cadran à lunaison marque cinq heures, un jour et pleine lune. 

   A côté, une sphère armillaire est déposée sur une étagère. Derrière la chaise, une grande équerre et une latte sont accrochées au mur par de grands clous. Une grosse poutre soutenue par des crochets sert de support à une lunette astronomique montée sur un élégant trépied. 

  Dans le coin gauche, on distingue bien un cadran solaire de hauteur en bois muni de deux pinnules de visée et d'un curseur avec perpendicule pouvant se déplacer le long d'un calendrier zodiacal. 

  Un volume muni de signets, une feuille de papier couverte de courbes, un encrier et un étui de mathématique complètent la liste des objets utilisés par l'homme de science. Aucune allusion par contre n'est faite à quelques préoccupations d'ordre religieux, ni croix, ni image pieuse, ni livre de piété. 

  Les recherches effectuées par Stanislas de Moffarts d'Houchenée permettent de voir dans ce personnage avec une quasi-certitude, le portrait de Nicolas-Joseph Neuray. Né à Liège en 1706, N.-J. Neuray est le deuxième enfant de Henri Neuray et de Marie-Joseph Andrien. 

  Issu d'une famille de meunier, Henri Neuray est admis à la bourgeoisie de la cité de Liège en 1723. 

  Trois de ses fils accèdent à la prêtrise. Nicolas- Joseph s'intéresse très tôt aux recherches mathématiques et aux calculs astronomiques. En 1742, il est nommé curé de Stembert. 

   Son action pastorale ne semble pas avoir été très heureuse. Plusieurs procès l'opposent à ses paroissiens dont il n'est pas aimé. Sa santé médiocre, le désir de poursuivre ses études et l'insuccès de son action pastorale sont les raisons qui lui font résigner sa cure en 1756. 

  Parmi ses écrits, citons un mémoire publié en 1743, à la demande du prince-évêque Georges-Louis de Berghes sur les façon de calculer la date de la célébration de Pâques. 

  Mais ses préoccupations scientifiques concernent surtout l'étude des longitudes. Il essaie d'intéresser à ses recherches différentes personnalités dont un savant géographe établi à la Haye, Antoine Bruzen de la Martinière, et aussi le marquis de Fénelon, neveu de l'archevêque de Cambrai et ambassadeur du roi de France en Hollande. 

  Grâce à son étude sur la méthode de trouver la longitude, éditée chez Bassompierre en 1760, l'abbé espère recevoir la récompense promise par les Français et les Anglais à celui qui ferait avancer la recherche d'une méthode exacte pour trouver les longitudes en mer. 

  Mais il ne semble pas qu'on se soit intéressé à ses travaux. Le tableau daté de 1768 montre en effet, un homme déçu, marqué par l'âge et proche déjà de sa fin. 

  Celle-ci intervient 6 ans plus tard en 1774. Le portrait de l'abbé Neuray peut être considéré comme un des meilleurs de Léonard Defrance.

   Ce peintre liégeois, connu et apprécié principalement pour ses intérieurs d'auberges, ses scènes d'ateliers, ses manufactures de fer et autres chroniques de la vie populaire dans le dernier tiers du XVIIIe s. est beaucoup moins connu comme portraitiste. 

  La plupart de ses portraits sont antérieurs aux scènes de genre et datent de la période où l'artiste, pour vivre, accepte tout ce qui se présente, du portrait du prince-évêque au simple abbé en passant par le chanoine, les membres de la noblesse ou de la bourgeoisie. 

  En 1768, Defrance n'est pas encore dans les bonnes grâces du prince-évêque de Velbruck (élu en 1772), il n'est pas encore directeur de l'Académie et à plus forte raison la révolution et ses prises de position politiques sont encore loin. 

  Malgré son antipathie notoire pour le clergé traditionnel, le peintre semble avoir éprouvé une certaine amitié pour et ecclésiastique plus savant que prêtre dont il a rendues traits et le cadre de vie avec des moyens d’une sobriété exemplaire. Seule une tache vive de rouge éclaire l’avant plan du tableau peint dans une harmonie de tons bruns et noirs.








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