La place du Palais de Justice s’étend des rues de la Banque du Palais et des Ecoles, à l’Ouest, vers la rue de Heusy, à l’Est, au bas de la percée de la « Lainière » Elle doit son nom au Palais de Justice (tout comme la rue du Palais) qui en fait l’ornement.
Primitivement, le Tribunal de première Instance (créé en 1830) siégeait dans l’ancien couvent des Carmes ; la Justice de Paix était à l’Hôtel de Ville ; créé sous l’Empire (1809), le Tribunal de Commerce siégeait également aux Carmes.
La prison fut construite dans le jardin des Carmes (1850-52) par l’architecte J. Dumont qui compte à son actif trente églises, gothiques et des prisons du type forteresse, dont celle de Liège, ainsi que le Cabinet Littéraire (1854) (cfr. pont aux Lions).
Tout le 19e siècle est marqué par la volonté des Verviétois de disposer d’édifices correspondant à l’importance de leur ville prospère : St Remacle (1838), nouveau Théâtre (1892), Hôtel des Postes (1906), etc.
Un Palais de Justice s’imposait. Sur les plans de l’architecte J. Dumont, de Bruxelles (1811 1859), on construisit en 1850-52, la partie du Palais qui donne sut la place, face à l’Académie.
Originairement, le Palais était surmonté d’une statue de la justice ; mais Thémis est disparue et, comme dans la chanson, elle n’est pas revenue.
Plus grave est la condition des quatre juristes éminents dont les statues ornent le palais; l’incurie des pouvoirs publics les a rendues méconnaissables et, de plus, aucun prénom ou millésime, de naissance, de décès, ne les identifie avec sûreté. Mathias-Guillaume de Louvrex naquit à Liège en 1665 et y mourut en 1734. Jurisconsulte très écouté, il fut échevin et conseiller privé du Prince-Evêque.
On raconte que Fénélon, engagé dans une cause opposée à Louvrex, lut le mémoire de son adversaire et en fut tellement frappé qu’il se désista et se lia avec son adversaire de la veille, à qui il offrit plusieurs rares volumes.
Olivier Leclercq naquit à Herve en 1761 ; il mourut en 1842, qualifié du titre de procureur général de la Cour supérieure de Liège. Il fut aussi conseiller d’Etat ; en 1808-1810, il publia huit volumes de jurisprudence et de droit romain.
Toussaint Dandrimont naquit dans les environs de Liège et mourut, âgé de soixante-cinq ans, le 28 juin 1822 ; magistrat éclairé et équitable, il siégeait encore deux jours avant sa mort, en uni que premier président de la Cour supérieure de Justice de Liège.
Charles de Méan est le plus ancien des quatre juristes : né à Liège en 1604, il mourut en 1674. Il a écrit des ouvrages consacrés au droit civil liégeois et à la jurisprudence des nations étrangères, qui lurent à nouveau publiés en 1740, enrichis de notes dues à Louvrex.
En 1646, une sédition le porta au mayorat, mais face à l’hostilité des Grignoux à sa personne, Méan se récusa pour éviter toute effusion de sang et remit les clefs de la cité à son rival, dans un noble geste de pacification.
Les sculptures sont l’œuvre de Guillaume Geefs, né à Anvers n 1806 ; il étudia son art dans sa ville natale et à Paris ; il obtint le grand prix de l’Académie d’Anvers en 1828 ; il était très apprécié par la bourgeoisie de l’époque ; on lui doit la statue de Grétry et la chaire de St Paul à Liège, et le mausolée, à Ste Gudule, de Mérode, tué en 1830.
Ce fut le sculpteur du Roi ; avec son frère Joseph (né en 1808 à Anvers), il travailla à l’ornementation de la Colonne du Congrès. Son frère est l’auteur de la statue d’André Vésale, le père de l’anatomie, sur la place de Barricades à Bruxelles.
Enfin, en 1896, le Palais fut agrandi par l’architecte Remouchamps, avec une façade place Janson et une tour, au coin, qui Intègre parfaitement au bâtiment primitif.
En face du Palais de Justice, se dresse un bâtiment qui lin est contemporain : c’est l’actuelle Académie des Beaux-arts (ancienne Ecole des Arts Décoratifs).
C’est en 1924 que s’installe cette institution que la Ville venait de reprendre (1921); elle faisait suite aux cours du soir et du dimanche, que l’initiative privée avait créée en 1902, afin de développer les connaissances du dessin, de la peinture, du modelage et de la décoration.
En 1818, le bourgmestre Rutten avait installé à l’Hôtel de Ville, un « Mont de Piété », géré par les bourgmestres, échevins et juge.
En 1856-58, on construisit l’actuel bâtiment pour servir de « Maternité » et de « Mont de Piété ». Ce fut l’œuvre de l’architecte Théophile Fumière-Lefèbvre qui, en 1855, était l’architecte de notre ville.
Né à Vaux-sous-Chèvremont en 1828, il eut une carrière artistique extrêmement variée : Tournai, Paris (Ecole des Beaux Arts et lauréat d’un concours de projets de logements ouvriers de Napoléon III) architecte communal également à Tournai et Namur (théâtre), professeur à l’Académie de Bruxelles (1876), etc.
La construction qui lui est due, mériterait plus d’admiration de nos concitoyens : bâtisseur doublé d’un décorateur, il sut, A une époque assez anarchique dans les styles, allier heureusement grec, gothique et moderne.
Après la guerre (1914-18), le Mont de Piété fut supprime et le bâtiment reçut son affectation actuelle. Les autres œuvres dues à l’architecte Fumière en notre ville sont décrites sous les titres des rues où ils sont édifiés : Sainte-Anne (Hôpital, devenu Orphelinat) Station (Entrepôt), Abattoir (1863).
Sous le titre de « rue de la Banque », nous avons dit comment au cours des années, le voûtement de la voie ferrée s’était étendu progressivement à l’Est et à l’Ouest, au profit de la place.
Il y a peu, la rue de Heusy constituait la limite Est du tunnel sur le chemin de fer ; la démolition de l’usine « La Lainière » entraîna le voûtement supplémentaire de la voie ferrée, donnant ainsi accès à la voie qui rejoint la place Sommeleville (cfr. rue des Fripiers).
Enfin, une mention sera faite de l’« Hôtel des Ardennes » (1669) qui fut démoli vers 1925, après une longue période de service ; il était situé au Sud-est, au coin de la rue de Heusy.
voir aussi Palais de justice ici
Bravo, bien documenté.
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