Pilori (rue du)



        La rue des Ecoles, à Petit-Rechain, perd (C.c.V. 14-12-81) sa banale dénomination : il y a des écoles dans tout le royaume et partant aussi des rues des Ecoles.

       Faisant judicieusement appel à l’histoire locale, on la nomme désormais « rue du Pilori ». 

      Naturellement, le passant s’interroge sur le sens de ce terme qui requiert quelques explications. 

     
Sur la place de Xhovémont, face à l’église, se dresse une colonne que certains appellent à tort un perron, et qui est en fait un pilori. 


   la pomme de pin a été rétablie depuis longtemps, au sommet de l’édifice.














       En 1458, Charles le Téméraire détruisit tous les perrons dans notre région, comme à Liège ; au pays de Franchimont, ces perrons, symbole de liberté, avaient été accordés par le Prince-Évêque au XVIe siècle. Le XVII siècle vit leur démolition, le goût de l’époque ayant changé ; on les reconstruit sous forme de fontaines ornementales. 

   






     
perron de Theux
C’est le cas de Verviers : l’actuelle fontaine remplace en 1732 le perron de 1534. A Theux, un morceau du perron primitif est conservé dans la cour du Palais des Princes-Evêques à Liège ; élevé en 1537, il avait été démoli au XVIIIe siècle puis remplacé par celui que nous admirons aujourd’hui (1767). 


    Sart possédait son perron, octroyé en même temps qu’à Verviers par le prince-évêque Erard de la Marck (1534) ; la colonne actuelle date de 1904. 190 Le pilori.

     Le cas de Jalhay est particulier ; cette commune posséda aussi son perron dont il n’y a plus trace aujourd’hui dans le village ; certains historiens pensent que le « boultè » ou « bourté » qui se dresse entre la Baraque-Michel et le Mont Rigi et dont le sens est baratte et pilon pour battre le beurre dans la baratte, serait l’ancien perron déjà cité en 1744 ; la traditionnelle pomme de pin qui surmonte cette colonne justifierait-elle cette thèse ? 

   Spa avait un perron (1457) près du pouhon ; aujourd’hui fait de bronze, c’est une fontaine place du Marché. Ce tour d’horizon contribue à situer le cas de Petit-Rechain et de préciser pourquoi il s’agit ici d’un pilori. 

   C’est un appareil où était autrefois exposé publiquement un condamné ; avant 1789, le pilori était un poteau que tout seigneur haut justicier avait le droit de faire élever dans ses terres comme un signe de son autorité ; à ce poteau étaient attachés une chaîne et un collier de fer, ou carcan que l’on passait au cou des individus condamnés à être exposés au regard du public.

    Ce châtiment fut supprimé à la révolution française. Celui des Halles, à Paris, est resté célèbre. 

   Le 16 octobre 1784, le baron Henri-Frédéric de Libotte  époux de la comtesse de Hamal, fit édifier ce monument non pas comme un signe de liberté ou de franchise, mais pour affirmer son droit seigneurial comme cela ressort du discours inaugural du greffier de la baronnie P.S. Hauregard qui nous informe en en remerciant le baron et le maïeur Simar, de ce que ce « pilori ou carcan » (sic) embellit le lieu et constitue le signe patibulaire du haut justicier qui tend directement à réfréner les désordres et à les réprimer. 

   Le pilori est composé, tout comme les perrons, d’une colonne, mais ici elle est surmontée, non pas de la pomme de pin traditionnelle, mais d’un vase Louis XVI. Cette colonne repose sur une base quadrangulaire à laquelle on a ajouté une marche en 1853. Un écusson porte, jumelées, les armoiries du baron Henri-Frédéric de Libotte et de son épouse la comtesse Marie-Marguerite de Hamal.

















Selon le Docteur Henri Hans

LE PILORI

    Le seigneur Henri-Frédéric de Libotte le fit placer le 16 octobre 1784. Cette colonne dont le fût repose sur une base quadrangulaire est établie sur deux degrés. 

   Elle mesure 6 mètres de hauteur. Elle porte les armes du baron de Libotte et celles de sa première épouse, Marie-Marguerite, comtesse de Hamal. 

  Ce signe patibulaire devait servir autant à embellir le lieu qu’à refréner et réprimer le crime et le désordre.

   
Ce monument n’est en rien représentatif de liberté et de franchise. Le baron de Libotte, très jaloux de ses prérogatives, l’avait, au contraire, fait ériger pour affirmer ostensiblement ses droits de sei­gneur.

   Au lieu d’une pomme de pin comme sur les perrons, le pilori de Petit-Rechain est surmonté d’un vase Louis XVI. On plaça une marche supplémentaire en avril 1853. Le pilori se dresse sur la place Xhovémont
















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