Rogier (rue)



    La rue Rogier prolonge l’avenue Léopold II, jusqu’à la rue des Déportés ; comme les rues voisines des « Boulevards », situées au Nord de l’avenue Peltzer, elle est rectiligne, spacieuse et bordée de larges trottoirs, mais pas ornées d’arbres.elle coupe la rue de Liège. 

  Les Verviétois avaient deux raisons, en fin du XIX°siècle, d’honorer Charles Rogier : d’abord pour le rôle primordial qu’il joua dans la conquête de notre indépendance en 1830, puis dans les premiers gouvernements de notre pays ; ensuite, par l’influence personnelle qu’il déploya pour décider et hâter l’exécution du chemin de fer de la Vesdre (1843), de Verviers vers Liège et vers la Prusse, tant réclamés par la population verviétoise.

   
Charles Rogier naquit à Saint-Quentin (France), le 17 août 1800 ; sa famille, originaire de Renlies (Thuin) était passée en France, et son père, officier puis marchand de drap, était mort en Russie en 1812. 

Rentré en Belgique, il est docteur en droit de l’Université de Liège (1826) et avocat (1829). Créateur du mouvement national, il part de Liège, à la tête des volontaires, et arrive à Bruxelles le 7 septembre 1830, participant à l’insurrection. A Liège, sur la façade du Théâtre royal, la Conférence du Jeune Barreau de Liège a apposé, en 1931, une plaque qui rappelle le rôle de Charles Rogier en 1830, en ces termes : « Ici, le 2 septembre 1830, à l’appel de Charles Rogier, s’enrôlèrent les premiers volontaires liégeois de la Révolution belge ». 



        Il participe au Gouvernement provisoire et au Congrès national (1831) et sera, durant peu de temps, gouverneur d’Anvers. Commence alors une brillante carrière d’homme d’Etat, dont voici les étapes : 

Ministre de l’intérieur, puis encore Gouverneur d’Anvers (1832-1834), 

Ministre des Travaux publics, puis de l’Instruction publique (1840-41), de la Guerre et des Affaires étrangères 267

Député de Bruxelles, il devient premier 

Ministre libéral en 1847, et le redevient en 1857-68, avec le Département de l’intérieur, puis des Affaires étrangères.

 En 1868, il devient Ministre d’Etat et préside la Chambre en 1878. Il avait composé les paroles de la Brabançonne.

   
Il mourut à Bruxelles le 27 mai 1885 et fut l’objet d’imposantes funérailles nationales. A l’occasion du 75e anniversaire des événements de 1830, la Ville de Liège édifia, en 1905, un monument à Charles Rogier, au parc d’Avroy, à l’orée de l’avenue qui porte son nom. 

    On y lit également cette inscription : « à Charles Rogier, Saint-Quentin, sa ville natale, septembre 1960, Union patriotique des Sociétés des anciens militaires, province de Liège ». 



    A leur naissance, les chemins de fer relevaient du Ministère des Travaux publics. Dès 1833, Rogier dépose un projet en ce domaine, à la Chambre, et il signe la loi le 1er mai 1834. 

    En 1840, il est en visite à Verviers, où nos concitoyens s’impatientent; il y étudie l’emplacement du futur chemin de fer et en active l’adjudication (septembre 1840). 

   En 1843, sa mère habite momentanément Ensival.

   D’autres renseignements relatifs à l’implantation du chemin de fer à Verviers, figurent sous la page « gare de Verviers.

BIBLIOGRAPHIE COMPLETE


       

     



Quand il peint les volontaires liégeois arrivant à Bruxelles en septembre 1830, ou sur les barricades, Charles Soubre représente significativement Charles Rogier à leur tête (tableaux de 1878, 1880). 





  Jeune journaliste politique au Mathieu Laensbergh puis au Politique, journaux libéraux de tendance unioniste dont il est l’un des fondateurs, Charles Rogier n’imagine pas que quelques années plus tard qu'il il va occuper à plusieurs reprises le poste de premier ministre d’un nouveau pays, la Belgique, qu’il a contribué à faire émerger sur la carte des États européens. 

  C’est pourtant le parcours de celui qui est né à Saint-Quentin, dans une famille d’origine hennuyère, et s’est retrouvé un peu par hasard à Liège, en 1814, orphelin de père, et avec une mère directrice d’un pensionnat. 

  Ayant réussi un excellent parcours scolaire jusqu’en rhétorique, grâce aux bourses du gouvernement, le jeune Rogier doit se résoudre à exercer les fonctions de répétiteur de leçons puis de précepteur pour rassembler l’argent nécessaire à la poursuite de ses études. 

   En 1826, il est docteur en Droit avec une dissertation qui porte sur le système électoral, mais n’a guère le temps de prester comme avocat : il se laisse convaincre par Joseph Lebeau et Paul Devaux de s’investir totalement dans un journal, le fameux Mathieu Laensbergh.

   Critique à l’égard du gouvernement, Rogier dénonce toute forme d’autoritarisme, réclame le rétablissement de leur autonomie aux États provinciaux et reproche les arrêtés de 1819 et de 1822 qui ont conduit à la suppression officielle du français dans toutes les parties de la Belgique où le flamand est généralement en usage. 

  Dès l’annonce des troubles à Bruxelles, fin août 1830, Rogier prend la tête d’un corps de volontaires improvisés, arbore les couleurs liégeoises et n’hésite pas à armer ses troupes : ils sont plusieurs dizaines à prendre la direction de Bruxelles.


 

Arrivé au moment où le roi Guillaume annonce qu’il renonce à la séparation administrative des deux pays, Rogier organise l’opposition avec d’autres chefs de corps et mène quelques combats face à l’avant-garde orangiste. 

   






 La mobilisation de la population bruxelloise fait fuir les Hollandais et assure le succès de la révolution.

   Faisant partie des tout premiers membres du « gouvernement provisoire » qui se met en place (24 septembre 1830-24 février 1831), le « ministre » Rogier remplit plusieurs missions de terrain pour rétablir l’ordre, avant d’être choisi comme l’un des 9 députés de Liège au Congrès national (novembre 1830-juillet 1831).

   

Favorable à un régime républicain, il se laisse convaincre des avantages d’une monarchie constitutionnelle. Appelé comme aide de camp auprès de Surlet de Chokier (mars 1831-) il devient le bras droit du régent.

   








 Administrateur de la Sûreté pendant quelques semaines, il reste chargé de maintenir l’ordre, notamment auprès des officiers supérieurs déçus du refus du duc de Neumours et du rejet de l’option républicaine. 

   Nommé gouverneur de la province d’Anvers par Joseph Lebeau (14 juin 1831), Rogier garde la mission du maintien de l’ordre durant les premiers mois agités du nouveau royaume, mais aussi de lui rallier la bourgeoisie locale.

   Bien qu’il fut « révolutionnaire, wallon, libéral non pratiquant, roturier sans fortune », ainsi qu’il l’écrit lui-même, il parvient à tisser un réseau de relations qui lui permettent d’être élu député libéral dans l’arrondissement de Turnhout (1831-1837), puis d’Anvers (1837-1840). 

   En octobre 1832, Rogier se voit confier le délicat portefeuille de l’Intérieur. De son passage au gouvernement (jusqu’en juillet 1834) datent la révision de la loi sur la garde civique, la création des archives publiques et surtout le coup d’envoi d’un réseau national de chemin de fer (1834), complément indispensable à la Constitution libérale. 

   Outre son implication dans 1830, c’est ce projet de chemin de fer qui est l’œuvre majeure de Charles Rogier. Initiateur des lois communale et provinciale qui seront votées par son successeur, attentif à la question sociale, partisan d’une participation active de l’État dans le développement économique.

 Rogier reçoit ensuite le ministère des Travaux publics, des Lettres et de l’Instruction publique (avril 1840-avril 1841), dans un gouvernement où l’on retrouve trois anciens du Mathieu Laensbergh !

  Ayant quitté son poste de gouverneur pour celui de ministre, il se retrouve député à la chute du ministère. Réélu de justesse à Anvers en juin 1841, il se présente à la fois à Bruxelles et à Anvers en 1845 ; élu des deux côtés, il privilégie Anvers et est appelé à former un nouveau Cabinet en 1847, qui sera exclusivement libéral et durera cinq ans, jusqu’en août 1852.

  C’est de cette période que datent la création d’un Bureau spécial pour les affaires des Flandres (pour lutter contre la pauvreté), de deux Écoles normales supérieures, l’abaissement du cens électoral à son minimum, le renforcement de l’armée, un impôt sur les successions et surtout la première loi organique sur l’enseignement moyen (en 1850).

   Au scrutin de 1854, il perd son mandat de député et sa carrière politique paraît finie. Désigné à la présidence du cercle artistique et littéraire de Bruxelles (1854), il reprend goût pour l’écriture, mais la politique est plus forte et les libéraux bruxellois lui offrent un retour à la Chambre (pour remplacer Charles de Brouckère démissionnaire) qui se transforme en un second Cabinet. 

  En novembre 1857, en effet, Rogier prend la tête d’un gouvernement libéral homogène qui va durer dix ans (3 janvier 1868). Ce « Grand ministère libéral » est le plus long de l’histoire politique belge. 

  En charge de l’Intérieur (1857-1861), puis des Affaires étrangères (octobre 1861-1868), Rogier s’était dit favorable au principe de l’obligation en matière d’instruction. Il n’atteindra pas cet objectif, mais par d’importantes subventions, il permettra l’ouverture de nombreuses petites écoles primaires, ainsi que la création de l’Institut agronomique de Gembloux.

  L’État sera aussi généreux en matière de grands travaux, dont la fortification d’Anvers, considérée comme le cœur du système de la défense nationale. En désaccord avec Frère-Orban, fin 1867, et déçu de n’avoir pu réintégrer le grand-duché de Luxembourg dans les frontières belges, Ch. Rogier remet sa démission ; il ne sera plus jamais ministre, fonction qu’il exerça pendant près de vingt ans. 

  Nommé Ministre d’État (1868), il devient par conséquent conseiller de Léopold II et reste député. 

  Ayant quitté un arrondissement d’Anvers par trop exigeant pour ses seuls intérêts, Rogier s’est présenté en 1863 à Dinant et à Tournai. 

  Si la ville mosane lui tourne le dos, la ville scaldéenne accordera régulièrement sa confiance au député libéral jusqu’à sa mort (1863-1885). 

 Chef de file de l’opposition libérale (1870-1878), il aura à porter la critique à l’égard du gouvernement catholique, mais aussi à veiller à éviter l’éclatement du parti libéral entre doctrinaires et progressistes. 

  Après une brève présidence de la Chambre en 1878, quand les libéraux reviennent aux affaires, Rogier tente de s’éloigner de l’avant-scène, mais il est rappelé comme un héros durant toute l’année 1880, lors des fêtes organisées pour le 50e anniversaire de l’indépendance du pays. 




    











Oui, à droire c'est la rue Rogier et à gauche,'Avenue Leopold II








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