Ortmans-Hauzeur (rue)



        L’espace qui servit au début de ce siècle à l’édification du nouvel Hôtel des Postes (1904-1909) était occupé par la teinturerie Ortmans-Hauzeur qui avait la spécialité de teindre l’écarlate dans des cuves en étain.

     Jean-François Ortmans-Hauzeur était le fils de Jean-Joseph Ortmans et de son épouse Hélène Lonhienne ; il naquit le 5 août 1806, et s’éteignit dans sa maison de campagne, chaussée de Heusy , le 2 février 1885.

    Brillant industriel, il était doublé d’un administrateur communal averti : conseiller communal (1848), échevin (1849), il devint bourgmestre (1854) et remplit cette fonction pendant trente ans, jusqu’à sa mort (1885).

   Un portrait, grandeur nature, daté de 1881, est dû au portraitiste Edouard Agnessens (Bruxelles 1842-1885) et porte cette inscription : « La Ville de Verviers à Ortmans Hauzeur (1855-1885).

    Il siégea également à la Chambre des Représentants, sur les, bancs du parti libéral. Sous son impulsion, Verviers se modernisa : quartiers nouveaux, monuments, squares, écoles, etc. Son nom est surtout intimement lié à la construction du barrage de la Gileppe

 




 C’est pourquoi, ses concitoyens lui élevèrent (1893) à la jonction des rues des Raines et des Alliés, un monument grandiose, avec, naturellement, une chute d’eau dans des bassins successifs, surmontés de son buste et orné de ces deux inscriptions : « 1855-1885 ». Ortmans-Hauzeur réalisa la distribution d’eau de la Gileppe » et au bourgmestre Ortmans-Hauzeur 1854-1885, ses concitoyens reconnaissants ». 

   





      


         Cette fontaine monumentale est l’œuvre du statuaire Clément Vivroux, né à Liège en 1831 et décédé, célibataire, à Paris en 1896 , il est le frère de l’architecte Vivroux (1824-1899) et on lui doit, parmi tant d’autres œuvres, la fontaine David, place Verte, le monument funéraire de Vieuxtemps, au cimetière, des sculptures en l’église St Remacle, et plusieurs bustes de personnalités locales.

    Indépendamment de ce qui est écrit à propos des rues Bidaut et Donckier, il convient de passer à une description plus étoffée dans « la Gileppe et de la distribution d’eau ». 

     Le promeneur qui contemple le paisible lac de la Gileppe, l’industriel qui engloutit des centaines de mètres cubes d’eau et l'usager qui ouvre son robinet, se doutent bien peu des complications, revendications, controverses, polémiques, etc., auxquelles donna lieu l’implantation du barrage (1878) qui nous est si familier aujourd’hui. 

     Dès la fin du 18e siècle, un assèchement des Fagnes et de l’Hertogenwald, troublés par des déboisements inconsidérés, rendait capricieux le débit de la Vesdre ; les industriels s’en inquiétaient ; dé là sous l’Empire, une requête à Napoléon sollicitait l’amélioration du régime de la Vesdre (1813) ; les fluctuations politiques engendrèrent la stagnation; en 1838, un filateur, Victor Doret, se fit l’apôtre du problème de l’eau et lutta pendant vingt ans, par des démarches successives; son influence s’étant accrue par son élection comme conseiller provincial (1857), le Conseil demanda au gouvernement d’étudier les moyens d’accroître le volume d’eau de la Vesdre par la construction de réservoirs ; le 20 septembre 1857, Bidaut  est chargé de cette étude. 

    Le 1er décembre 1857, une commission siège à l’Hôtel de ville, animée par le bourgmestre Ortmans-Hauzeur et l’un des nombreux industriels, Armand Simonis. En 1858, l’ingénieur Le Hardy de Beaulieu propose de faire une distribution d’eau ménagère et industrielle. Bidaut continue ses études ; un de ses confrères, de Jamblinne (Le Meux), dépose un projet intéressant simultanément les industriels verviétois et prussiens (Eupen).

   Le 13 juillet 1860, la Ville de Verviers demande officiellement que soit construit un réservoir pour y emmagasiner l’eau due aux crues. 

   Entre temps, Bidaut et Doret avaient de fréquentes entrevues Sous des aspects divers, les projets foisonnent : pas moins de seize, entre 1859 et 1862.

   En 1863, on discute le projet Le Hardy de Beaulieu (Eupen et Verviers) que la Prusse abandonne en 1864 ; on redoute l’inondation de la vallée en cas d’écroulement du barrage.

   Des divergences de vues surgissent : le barrage sera exclusivement destiné à approvisionner l’industrie; non, répondent d’autres, il doit également servir à une distribution d’eau ménagère (1863) ; et les adversaires de s’affronter. Le conseiller communal Mali interpelle : « si le barrage cédait ! ».

   Un stimulant intervint : les jurés d’une exposition internationale, à Londres, en 1862, déploraient que la pureté de nuances d’échantillons textiles de Verviers laissât à désirer à cause de la pollution des eaux de la Vesdre, ainsi le 31 janvier 1863 des industriels invitent le conseil communal à améliorer le régime de la Vesdre, sans s’attarder au projet de la distribution d’eau ; le bourgmestre était hostile à cette exclusion, ce qui en fera le père de cette distribution d’eau. 

   Enfin le conseil communal octroi un subside pour de nouvelles études ; cette fois Donckier 



 en est chargé. Le 20 janvier 1865, la Chambre vote un crédit de 3.250.000 frs. 

   La Ville intervenant pour 2.500.000 frs, afin de construire un réservoir, suivant le projet Bidaut accepte. 

  Un arrêté royal (1er février 1866) autorise la Ville à faire une prise d’eau et à construire un aqueduc, avec l’obligation de réserver trois millions de mètres cubes à l’accroissement du débit de la Vesdre et le restant à la distribution d’eau. 

    Deux ans d’études de Bidaut et Donckier consacrent l’érection du barrage dans le site de la Gileppe. Enfin, dès 1867, la vallée est envahie par des travailleurs forges, hangars, bureaux, etc. et un raccordement ferroviaire entre Dolhain et le chantier amène la chaux, le sable, etc.

   Les fagnards, parmi nos lecteurs, se souviendront que François Reiff, originaire de Bastogne, logeant à Béthane, figurait parmi les ouvriers occupés à la construction du barrage ; c’est de la qu’il partit, accompagné de sa fiancée, Marie Solheid, pour se rendre à Xhoffraix, pour y retirer des papiers d’état-civil, en vu de leur prochain mariage ; ils n’y arrivèrent jamais, victimes d’une tempête de neige, l’un aux « Biolettes » (14 mars 1871) et l’autre à Sarl-Lerho (22 mars 1871) : c’est ce que commémore la « croix des fiancés ». Le 9 octobre 1869, une cérémonie présidée par le bourgmestre Ortmans-Hauzeur, a lieu à l’occasion de la pose de la première pierre.

    Hélas, Bidaut était mort le 19 mai 1868. Le petit barrage complémentaire de la Borchêne donna lieu a controverses : construit sans autorisation, épidémie de typhus, etc. 

   Les travaux continuent : les entrepreneurs Dechamps frères éprouvant des difficultés de trésorerie, quatre cent trente ouvriers se rendent menaçants, à l’Hôtel de Ville. Les conduites d’eau sont livrées par la fonderie Bède & Houget.

   Tout n’est pas fini : le projet accepté prévoit trente-sept mètres de hauteur pour le barrage, donnant une réserve de six millions de mètres cubes ; onze mètres de plus donnerait douze millions, ce que sollicitèrent et obtinrent les Verviétois, grâce à l’influence de Victor Doret, sur un Limbourgeois, le député « < hurles Delcour », devenu ministre de l’intérieur (1874) ; un crédit supplémentaire de 1.700.000 frs est voté. 

   Enfin, le 9 mai 1875, les vannes étant fermées, les eaux commencèrent à monter. Le lion qui surplombe si majestueusement le barrage, est l’œuvre de Félix-Antoine Bourré. Félix Bourré naquit à Bruxelles en 1831, et mourut à Ixelles en 1883 ; on lui doit également les lions des fortifications d’Anvers. 

    Pour la petite histoire, les autorités omirent de l’inviter au banquet de l’inauguration et il s’en retourna en train à Bruxelles puis, vint le grand jour de l’inauguration : le dimanche 28 juillet 1878, le roi Léopold II descend à la gare de Dolhain, et le cortège royal traverse Goé, où un arc de triomphe a été dressé, formé de balles de laine du lavoir Pelzer, et de branches de sapin.

   Sous un soleil magnifique, sur l’estrade, le roi ne cache pas son admiration: c’est superbe, dira-t-il.



































 LES ORTTMANS

   Les Ortmans, plus correctement Orttmans, originaires de Westphalie, se sont installés à Verviers comme chaudronniers.

    L'un d'entre eux, Lambert, baptisé à Aix-la-Chapelle le II octobre 1721, fils de Jean Orttmans et de Sophie Corsen épousa à Verviers le 15 septembre 1738 Anne- Elisabeth von Wiler (Willers, Viler, Viller) baptisée à Aix-la-Chapelle le 14 juin 1713.

     Le couple aura plu¬sieurs enfants dont Jean-Toussaint époux Joris qui for¬mera la branche des chaudronniers comme son père et Jean-François époux Hayeman (Heymans) qui formera la branche des politiciens teinturiers. Jean-François Ortmans naquit le S août 1806, fils de Jean-Joseph Ortmans conseiller communal de Verviers de 1831 à 1833 et teinturier, baptisé à Verviers le 17 novembre 1779 et y décédé le 10 juin 1833, et de Hélène Lonhienne baptisée à Verviers le 28 mai 1782 et y décédée le 22 février 1876.

    Il mourut le 2 février 1885 dans sa maison de campagne de la chaussée de Heusy, 117 au milieu des arbres et des fontaines qu'il aimait tant et qui faisaient le décorum de son parcs. Cette maison de campagne, située légèrement plus bas que le magasin Aldi actuel, s’était peu à peu transformée en petite ferme expérimentale s'étendant par l'arrière au- delà de ce qui sera la rue de Jehanster et des Coteaux et où il aimait étudier la nature et spécialement les engrais.

   Les étangs et les grands arbres faisaient oublier aux visiteurs la proximité de la ville qu'ils pouvaient contempler de la propriété. Cette propriété passa par la suite à la famille Simus-Deru puis Xhoffert-Deni.

   Homme d'affaire puisqu'il reprit la teinturerie de son père Jean-Joseph Ortmans-Lonhienne provenant d'une très ancienne foulerie datée de 1637 et conduite par Jean Hubert Lepourcq située rue du Collège à l'emplacement de ce qui a été la grand-poste de Verviers aujourd'hui siège du Forem.

   Il fut aussi homme public et politique. Dès 1848, capitaine de la Garde Civique et conseiller communal, puis échevin le 31 octobre 1849 et bourg¬mestre le 27 décembre 1854. Il occupera le plus haut poste à responsabilité communal durant 30 ans et ce jusqu'à sa mort. Il fut durant cette longue période la personnification de la cité. Membre fondateur et président très longtemps de la Société industrielle, il fut aussi promoteur d'un cours de chimie et de teinture.

    De plus de 1874 à 1885 il sera député. Sous son administration, Verviers simple bourgade devint une ville importante avec des quartiers nouveaux, symétriques et aérés au lieu d'une ville qui n'était qu'un fouillis

les bains douches





      Les douches municipales ou bains-douches constituaient  un service public d’hygiène des villes de Belgique, destiné aux personnes qui n'étaient pas équipées de l'eau courante. 

    Venant s'ajouter aux fontaines publiques et aux vespasiennes, elles naissent à la fin du XIXe siècle, dans le mouvement hygiéniste et de réorganisation des villes, en particulier dans les villes ouvrières liées au socialisme municipal.

   Payantes, elles se généralisent dans les années 1920-1930, sont modernisées dans les années 1950, et ont tendance à fermer dans les années 1980, mais sont encore un service public dans certaines communes.

     Le dernier établissement à fermer ses portes se situait à Tournai.
  

















cabine

salle d'attente






















> Dispensaire Malvoz


Fondé en 1903 aide aux tuberculeux






maison typique de l'époque





idem











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